La physiologie cardiaque du cheval

Le système cardiovasculaire du cheval est un vaste réseau constitué à la fois du cœur et des vaisseaux sanguins. Il permet de faire transiter le sang au sein de l’organisme, avec les éléments qui le composent : globules blancs et rouges, plaquettes, mais aussi nutriments, hormones et oxygène, pour ne citer que ceux-ci.

L’anatomie du cœur

Le cœur du cheval est relativement gros par rapport à sa masse, il représente 8 % de son poids, soit environ 5 kilos. Il est composé de 4 structures :  deux oreillettes et deux ventricules, séparés par des valves étanches qui permettent au sang de circuler correctement et dans le bon sens.

L’organisme du cheval est formé de vaisseaux sanguins :

• les artères, qui vont apporter le sang riche en oxygène et nutriments aux organes ;
• les veines qui vont le ramener au cœur (avec le dioxyde de carbone et les déchets) pour le transférer aux poumons.

Le cœur est un muscle qui, grâce à l’influx électrique envoyé en permanence par le cerveau, se contracte et se relâche de façon autonome. Il est composé de trois couches musculaires :

• l’endocarde, plutôt lisse, qui est au centre ;
• le myocarde, muscle majeur de l’activité cardiaque, possédant de nombreuses terminaisons nerveuses, qui va permettre la contraction ;
• le péricarde, qui entoure le cœur.

Les mouvements cardiaques

Lorsque le cœur se contracte, on dit qu’il rentre en systole : le sang est expulsé, entre dans les artères, en direction des organes. À l’inverse, il est en diastole lorsqu’il se relâche et qu’il se remplit à nouveau de sang. Un cycle systole et diastole correspond à un battement cardiaque, et en comptabilisant l’ensemble de ces battements sur une minute on peut calculer la fréquence cardiaque.

La fréquence cardiaque du cheval au repos est de l’ordre de 40 battements par minute, mais à l’effort elle peut monter à plus de 200.

L’exercice est nécessaire au cheval comme à l’Homme afin que son cœur reste en forme.

Les principales pathologies cardiaques chez le cheval

Le souffle cardiaque

Le souffle cardiaque est un bruit qui est entendu par le vétérinaire lors de l’auscultation du cheval avec un stéthoscope. Assez fréquent chez les équidés, ce son est caractérisé par sa localisation au sein du cœur (plutôt à gauche ou à droite), mais aussi par sa puissance et la phase cardiaque durant laquelle il apparait (systole ou diastole).

Le souffle cardiaque n’est pas une maladie à proprement parler, mais un symptôme pouvant avoir de nombreuses causes telles que :

• une origine pathologique, comme une malformation du cœur ou des valves cardiaques, qui entraine des reflux de sang ou un bruit spécifique. Souvent l’organisme de l’animal permet de compenser et le souffle n’a pas d’incidence. Cependant dans certains cas plus graves ou lorsque la pathologie évolue avec l’âge, il peut avoir d’autres conséquences, telles qu’une augmentation du rythme cardiaque couplée à une irrégularité et une difficulté respiratoire notamment lorsqu’il pratique une activité physique soutenue.

• Une origine fonctionnelle ou physiologique, c’est-à-dire qu’il n’est pas la conséquence d’une anomalie cardiaque. Il peut quelques fois s’accentuer si le cheval est malade, qu’il a de la fièvre, une crise de coliques ou une anémie par exemple.

Le vétérinaire peut établir un diagnostic simplement en écoutant le cœur et en déterminant la localisation du souffle. Il est néanmoins quelques fois nécessaire de faire pratiquer une échographie cardiaque.

Les arythmies cardiaques

Les arythmies cardiaques sont assez fréquentes chez le cheval, et correspondent à un désordre du rythme cardiaque, c’est-à-dire qu’il existe des différences de durées entre deux battements de cœur. Elles constituent une pathologie récurrente des troubles à l’effort.

Elles peuvent être soit physiologiques, soit pathologiques.

Les arythmies physiologiques

Parmi les arythmies physiologiques, les plus courantes sont les blocs atrio-ventriculaires. Souvent bénignes, ces arythmies se manifestent au repos lorsque, dans le rythme, on observe des pauses (un des battements n’est pas entendu). Concrètement, lors de la phase de systole, l’oreillette se contracte, mais le ventricule est bloqué. Cette arythmie disparait fréquemment à l’effort.

L’arythmie sinusale, ou bloc sinusal est aussi une dysfonction physiologique. Dans ce cas de figure, le cœur saute complètement certains battements lors des épisodes.

Les arythmies pathologiques

Les arythmies pathologiques quant à elles apparaissent ou augmentent lors de l’exercice.

Parmi celles-ci, les extrasystoles se perçoivent lors d’un rythme régulier ou l’un des battements peut être plus fort, suivi d’un autre plus faible. Elles peuvent être liées à une défaillance ou une affection du myocarde.

La fibrillation atriale est elle aussi une arythmie pathologique. Plutôt fréquente chez les chevaux de course, elle correspond à un défaut de contraction du cœur : tout le muscle ne se contracte pas en même temps, et le rythme cardiaque s’en retrouve  désordonné.

Le vétérinaire peut suspecter une arythmie cardiaque à l’auscultation en écoutant le bruit du cœur, et en observant son pouls. S’il émet un doute, en réalisant un ECG (électrocardiogramme) le praticien pourra analyser plus en détail le rythme du cœur du cheval et diagnostiquer une éventuelle arythmie.   Bien sûr, selon la cause, un traitement peut ou non être mis en place.

Les inflammations des muscles cardiaques : myocardite, péricardite, endocardite

Les inflammations des muscles qui constituent le cœur font aussi partie des pathologies cardiaques chez les équidés. Souvent liées à une infection bactérienne ou virale, elles vont entrainer un abattement, de la fièvre et une insuffisance cardiaque.

Dans le cas d’une myocardite, c’est le muscle principal du cœur qui est affecté : le rythme et la force des battements peuvent alors être impactés, la fréquence respiratoire va croître, et le cheval va montrer une intolérance à l’effort. La pathologie peut devenir chronique.

La péricardite est une inflammation de la partie externe du cœur, plutôt rencontrée chez les jeunes entiers. Elle peut être dite sèche ou exsudative si elle cause un épanchement, et provoque une augmentation du rythme cardiaque, et des bruits anormaux souvent dus à un défaut d’arrivée du sang dans le cœur et aux frottements du péricarde.

Enfin l’endocardite est une inflammation de la paroi interne du cœur. Elle va occasionner une dysfonction des valves et donc entrainer des troubles cardiaques, ainsi qu’une faiblesse et une intolérance à l’effort.

Le diagnostic peut être établi par le vétérinaire à l’auscultation et à l’aide d’une échographie qui permettra, notamment lors de la péricardite, de voir le liquide de l’épanchement.

Un traitement à base d’antibiotiques ou d’antiviraux est souvent mis en place par le praticien.

Les insuffisances cardiaques

L’ICC : insuffisance cardiaque congestive

L’insuffisance cardiaque congestive ou ICC est, comme son nom l’indique, une défaillance du cœur qui ne parvient pas à faire son travail correctement. Souvent, l’ICC est liée à un souci circulatoire, le cœur n’arrive pas à envoyer suffisamment de sang dans l’organisme, il n’est pas assez fort.

Les conséquences peuvent être une accélération du rythme respiratoire, des difficultés à l’effort ou un affaiblissement. Là encore, les causes peuvent être nombreuses : problèmes de contraction du myocarde, inflammation des structures du cœur, ou encore anomalies anatomiques…

Un examen vétérinaire est essentiel afin à la fois de déterminer les raisons de cette pathologie et pour la traiter rapidement.

L’insuffisance mitrale

La partie gauche du cœur (oreillette et ventricule) a pour vocation d’envoyer le sang oxygéné aux organes. Pour ce faire, ce sang « propre » pénètre par l’oreillette gauche, et entre dans le ventricule gauche avant d’être expulsé dans les artères. Entre l’oreillette et le ventricule se trouve la valve mitrale.

En cas d’anomalie de cette valve , lors de la phase de systole, le sang n’est pas expulsé du cœur, mais remonte dans l’oreillette. Cela va induire une insuffisance cardiaque, qui peut, avec le temps, évoluer en ICC.

Les symptômes sont les mêmes que pour de nombreuses pathologies : insuffisance respiratoire, intolérance à l’effort et basse des performances.

Encore une fois les raisons de l’insuffisance mitrale sont très variables, et elle est difficilement soignable, sauf lors des causes infectieuses par exemple. Le diagnostic peut être complexe à poser, et souvent des examens complémentaires sont nécessaires, comme un recours au Doppler.

La thrombose

La thrombose est l’apparition d’un caillot dans les vaisseaux sanguins, qui, en se déplaçant, peut aller les boucher.

Ces caillots ou thrombus vont créer des thromboses le plus souvent à l’artère iliaque qui occasionne des douleurs et des boiteries chez le cheval. Cependant, ils peuvent aller stopper la circulation à d’autres endroits, comme au cortex cérébral ou encore au cœur, en provoquer des nécroses des tissus. Au niveau du myocarde, elle peut avoir pour effet la survenue d’un infarctus.

Souvent la thrombose n’entraine pas de symptômes visibles en elle-même ; mais ses conséquences peuvent être très variées selon la zone touchée. Aussi, les soins apportés par le vétérinaire seront adaptés à l’organe ou la zone en question.

Prendre soin du cœur de son cheval

Si le risque de pathologies cardiaques est moins élevé que ceux des maladies neurologiques ou digestives, comme les coliques par exemple, il reste toutefois nécessaire d’être vigilant.

Tout d’abord, n’oubliez pas que le cœur de votre animal est un muscle, et que le faire travailler est important pour qu’il soit en bonne santé. Aussi, proposez régulièrement à votre compagnon des séances d’exercice adaptées à son niveau et ses capacités.

Soyez également attentif à son alimentation, et évitez-lui l’embonpoint qui peut s’avérer nocif pour le cheval, comme pour de nombreuses autres espèces.

Apprenez à l’observer au repos et après l’effort, et à prendre son pouls, afin de contrôler son rythme cardiaque. Si une visite vétérinaire reste indispensable en cas de souci, il peut toutefois s’agir d’un paramètre important à donner au praticien qui pourra alors analyser le degré d’urgence.

En cas de doute, n’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire.